Pauline Kergomard, fondatrice des écoles maternelles

Institutrice et autrice, Pauline Kergomard (

Une jeune institutrice

Portrait en noir et blanc de Pauline Kergomard
Pauline Kergomard vers 1900

Issue d’une famille protestante, cousine germaine du célèbre géographe et militant anarchiste Élisée Reclus, Marie Pauline Jeanne Reclus nait née le  à Bordeaux. Elle est également la nièce de Zéline Trigant-Marquey, enseignante et pédagogue dirigeant une école, et du pasteur Jacques Reclus – les parents d’Élisée – chez qui elle passe deux ans à l’adolescence. Les quatorze enfants du couple, dont trois meurent jeunes, occuperont pour beaucoup des professions intellectuelles ou pédagogiques, enseignants, géographes, journalistes, ingénieurs ou médecins.

Pauline, elle, fréquente les classes de l’établissement pour jeunes filles de sa tante. Elle y suit des enseignements jugés typiquement féminins à l’époque, comme la couture et la broderie, mais également d’autres comme les langues – latin, anglais… – et s’initie à une pédagogie axée sur la pratique. À 18 ans, elle obtient son brevet de capacité lui permettant d’enseigner, et devient institutrice. Installée à Paris où elle travaille au sein d’une école privée, Pauline épouse à 25 ans le poète et journaliste Jules Duplessis-Kergomard

La leçon de choses

Pauline Kergomard est une contemporaine de Marie Pape-Carpantier, pionnière de l’enseignement pré-élémentaire en France. Depuis 1833, la loi oblige les communes à créer des écoles primaires et, dans la foulée, et des « salles d’asile » pour les enfants de deux à six ans des couches populaires, sont instaurées. Directrice puis inspectrice de salles d’asile, Marie Pape-Carpantier développe à partir des années 1830 une pédagogie axée sur la « leçon de choses » et préconise de les rebaptiser en écoles maternelles.

Inspirée par l’exemple de Marie Pape-Carpantier, Pauline s’emploie à faire des salles d’asile, des lieux à vocation essentiellement sociale, de véritables lieux d’enseignement et de développement. Elle introduit le jeu et les activités artistiques et sportives dans la pédagogie et est, elle aussi, très attachée à la leçon de choses, comme elle l’explique :

« L’enfant prend des leçons de choses dès le berceau. Grâce à la curiosité de ses yeux avides de voir, de ses doigts avides de toucher, de ses narines avides de sentir, de ses oreilles avides d’entendre, de son palais avide de goûter, les leçons se succèdent, se multiplient, se lient entre elles et se confondent. (…) La leçon que l’enfant a provoquée est, pour lui, la meilleure ; essayons de la lui faire provoquer. En tout cas, amenons-le à la désirer. Rien de plus facile à l’école. Si, en effet, l’école maternelle est ce que nous la rêvons, si l’enfant a été autorisé à y apporter le matin l’objet qui l’intéresse, s’il est libre de ses mouvements au lieu d’être assis, s’il est dans le jardin au lieu d’être dans le préau, et, par conséquent, dans des conditions favorables aux découvertes, la directrice doit s’attendre à une infinité de questions. » (Pauline Kergomard, L’éducation maternelle dans l’école)

Inspectrice générale des écoles maternelles

Au-delà de l’enseignement et de la pédagogie, Pauline Kergomard fréquente également les milieux de l’édition et devient notamment directrice de L’Ami de l’enfance, une revue dédiée aux salles d’asile. Très active, fortement engagée pour la protection de l’enfance, elle obtient en 1879 le poste de déléguée générale à l’inspection des salles d’asile. En 1881 naissent les premières écoles maternelles, avec de véritables institutrices formées à l’enseignement pour le jeun enfant ; le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts Jules Ferry nomme alors Pauline comme première inspectrice générale des écoles maternelles. Elle le sera jusqu’en 1917.

A ce poste, Pauline continue de militer pour une pédagogie axée sur l’éveil de l’intérêt de l’enfant, le jeu, l’apprentissage par les sens et la pratique, et des aménagements tels qu’un mobilier adapté à la taille des jeunes enfants. Elle mène des inspections dans toute la France, donne des conférences, écrit de nombreux ouvrages pédagogiques ou historiques – sur les enfants et l’éducation – et continue de s’engager pour la protection de l’enfance, notamment pour lutter contre la pauvreté des enfants, ainsi que pour les droits des femmes. En 1887, elle crée notamment l’Union française pour le sauvetage de l’enfance, aux associations d’aide aux enfants et adolescents considérés en danger moral ou physique, au sein de leur famille ou non. qui vient en aide aux enfants et adolescents en souffrance. L’association, qui existe encore aujourd’hui, sera reconnue d’utilité publique en 1891.

Pauline Kergomard meurt en février 1925 à Saint-Maurice (en Île-de-France), à l’âge de 86 ans. Aujourd’hui, en France, plus d’une centaine d’établissements scolaires portent le nom de cette pionnière de l’école maternelle.

Liens utiles

Page wikipedia de Pauline Kergomard
La leçon de choses – Pauline Kergomard
Le système préscolaire selon Pauline Kergomard

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