La Gaitana, souveraine en lutte

Cacique du peuple yalcón en actuelle Colombie, la Gaitana (16e siècle) prend les armes contre les envahisseurs espagnols pour venger son fils et défendre sa souveraineté.

Les conquistadors

Née à une date qui ne nous est pas connue, la Gaitana est cacique – souveraine – du peuple yalcón, installé dans l’actuelle région de Huila en Colombie, lorsque le conquistador espagnol Pedro de Añasco débarque en 1538. Le peuple yalcón compterait alors, selon les récits de l’époque, quelques cinq mille guerriers.

Chargé de fonder un bastion dans les environs, Añasco convoque progressivement les caciques de la région pour asseoir sa domination en leur imposant un tribut et des cérémonies d’hommages vassaliques régulières. Parvenu chez les Yalcón, pourtant, Añasco refuse catégoriquement de négocier avec la Gaitana ; il est impensable, à ses yeux, de traiter avec une femme. À la place, il convoque l’un de ses fils, Buiponga. Par respect pour sa mère, ce dernier refuse de se rendre à la convocation du conquistador, qui voit dans cette résistance un affront, de même qu’une occasion de faire la démonstration de son autorité. En représailles, les colonisateurs assassinent Buiponga chez lui en l’immolant par le feu devant sa mère, sa femme et ses enfants.

La révolte

Cette photo montre un monument à la Gaitana édifié en Colombie. Le monument représente plusieurs personnages en combat, notamment une femme luttant contre des conquistadors.
Monument à la Gaitana – photo Secundina gonzalez

Le meurtre ne fait plier n’aura pas l’effet de soumission escompté par Añasco. Désireuse de venger son fils, la Gaitana noue des alliances chez les peuples voisins et rassemble six à douze mille guerriers pour mener une révolte contre les conquistadors. Elle cherche à la fois à faire partir les Espagnols et à mettre les mains sur l’assassin – ou du moins le commanditaire de l’assassinat – de son fils, Pedro de Añasco.

Même si l’armement des conquistadors est plus efficace, les forces en présence sont complètement déséquilibrées. Pedro de Añasco est capturé lors de la bataille d’Aquirgá et, devant la Gaitana, il est torturé, démembré, supplicié à mort. Après la mort de Pedro de Añasco, on ne trouve plus trace de la cacique, disparue dans les ombres de l’histoire après avoir accompli sa vengeance.

La révolte se poursuit en revanche sous le commandement du cacique Pigoanza, et remporte plusieurs succès guerriers entre 1540 et 1541 ; mais elle finira par céder devant les ripostes espagnoles, les épidémies et le travail forcé qui décimeront les peuples présents.

Une femme des plus puissantes

« Une qui n’a pas joué un petit rôle
Une Indienne nommée Gaitana,
C’était son nom manifeste,
Ou celui que les Espagnols lui avaient donné.
Dans cette chaîne de montagnes
Elle était une femme des plus puissantes,
Et dans tout le pays, elle avait
Une grande force de ses proches et alliés. »

Juan de Castellanos, Elegías de varones ilustres de Indias, 1589

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Page wikipédia de La Gaitana
La Gaitana: preludio a una biografía a la espera

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