Marcello, peintre et sculptrice

Artiste peintre et sculptrice suisse, Adèle d’Affry, duchesse de Castiglione Colonna (1836 – 1879), a exposé ses œuvres sous le pseudonyme de Marcello. Son oeuvre est marquée par la présence de nombreuses figures féminines fortes, inspirées de l’Antiquité.

Jeune fille aisée

Edouard Théophile Blanchard, Portrait de la duchesse Castiglione
Edouard Théophile Blanchard, Portrait de la duchesse Castiglione

Fille aînée de Lucie de Maillardoz et du comte Louis d’Affry, Adélaïde Nathalie Marie Hedwige Philippine d’Affry naît le  à Fribourg (en Suisse). Trois ans plus tard naît sa petite sœur, Cécile Marie Philippine Caroline. Leur père meurt en 1841 et les fillettes sont élevées par leur mère.

Adèle reçoit l’éducation classique d’une jeune fille de famille aisée. Elle apprend notamment le dessin et l’aquarelle auprès du peintre Joseph Auguste Dietrich, et, à Rome, de modelage auprès du sculpteur Heinrich Max Imhof.

Naissance d’une vocation à Rome

A 20 ans, Adèle épouse à Rome Carlo Colonna, qui reçoit un mois plus tard le titre de duc de Castiglione-Altibrandi. Le couple s’installe à Paris, mais le mariage ne durera pas longtemps ; Carlo meurt de la typhoïde huit mois plus tard. Jeune veuve, Adèle doit retourner à Rome en 1857 pour régler les affaires de succession.

Dans l’environnement artistique italien qui l’entoure, Adèle découvre les œuvres de Michel-Ange, des sculpteurs antiques, de l’art religieux des églises de la ville. Ces découvertes la fascinent, l’inspirent et font naître en elle une vocation artistique. Sa première oeuvre est le buste de son mari, suivi d’un autoportrait.

Premières œuvres et rencontres

La Belle Hélène - Marcello
La Belle Hélène

Ses affaires réglées, Adèle s’installe à Paris où elle rencontre le peintre Eugène Delacroix et le sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux, auprès de qui elle prend des cours. Elle se lie d’amitié avec un cercle d’artistes, parmi lesquels le sculpteur Auguste Clésinger, le peintre Ernest Hébert, l’écrivain Prosper Mérimée, les musiciens Charles Gounod et Franz Liszt. Elle fréquentera également Berthe Morisot et Adolphe Thiers.

En 1860, Adèle réalise La Belle Hélène, sa première oeuvre aboutie, tout en continuant à se former auprès d’artistes tels que Antoine-Louis Barye et Auguste Clésinger. Bien que sa demande d’étudier aux Beaux-Arts de Paris soit rejetée, elle peaufine ses compétences techniques en sculptures, s’initie au dessin animalier et à l’anatomie dans une école de médecine. La même année, Adèle ressent et manifeste les premiers symptômes d’une maladie de poitrine.

L’impératrice Eugénie

Bianca Capello - Marcello
Bianca Capello

En 1863, Adèle présente pour la première fois des œuvres au Salon parisien. Pour être jugée sur son art, plutôt que sur son nom féminin et son titre de noblesse, elle décide de prendre le pseudonyme de « Marcello ». Elle expose trois bustes : le Portrait du comte G. de N…, le Portrait de Mme la duchesse de San C…, et Bianca Capello, qui rencontre un grand succès.

Le succès de cette première exposition vaut à Adèle une invitation à la cour par l’impératrice Eugénie. Par la suite, elle fréquentera la cour et Napoléon III. En 1865, elle reçoit une commande officielle pour un buste de l’impératrice ; elle en réalise quatre versions différentes. Eugénie et Adèle sont toutes deux admiratives de Marie-Antoinette, et l’artiste réalise également deux bustes de la reine.

La Pythie

A l’Exposition universelle de 1867, qui se déroule à Paris, Adèle présente huit œuvres dont la déesse grecque Hécate commandée par Napoléon III. Après un voyage à Budapest, elle réalise également un buste en marbre de l’impératrice Élisabeth, connue sous le surnom de « Sissi ».

Adèle voyage en Europe, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Espagne, où elle découvre de nombreuses œuvres d’art, fait progresser sa technique en sculpture et en peinture et travaille auprès de ses amis artistes. Elle expose régulièrement des œuvres aux Salons parisiens et réalise des commandes pour la cour, pour orner bâtiments et parcs. En 1869, elle réalise un chef d’oeuvre d’inspiration antique, La Pythie, qui orne l’Opéra Garnier.

Retour à la peinture

Marcello par Gustave Courbet
Marcello par Gustave Courbet

Adèle souffre depuis des années d’une maladie pulmonaire. En 1870, sa santé s’affaiblissant, la sculpture lui demande trop d’énergie et elle se tourne de plus en plus vers la peinture. Elle ne cesse de se former, prenant des cours auprès du peintre Léon Bonnat.

Les premières années, Adèle n’ose pas envoyer ses œuvres au Salon de Paris et continue à exposer des sculptures, qui lui valent le salut de la critique et des récompenses. En 1874, elle envoie un premier tableau, La Conjuration de Fiesque, mais il est refusé par le jury et elle en est profondément blessée. L’année suivante, elle peint le portrait de son amie Berthe Morisot.

Dernières années

En 1877, épuisée par sa santé déclinante, Adèle voyage entre la Suisse, le Midi de la France et l’Italie, à la recherche d’un climat pouvant apaiser sa toux. Consciente de ne plus en avoir pour longtemps, elle rédige un testament léguant une liste de ses sculptures à l’État de Fribourg, en échange de la fondation d’un musée pour les présenter. Elle commence la rédaction de ses Mémoires et met en ordre ses affaires.

Adèle d’Affry, duchesse de Castiglione Colonna, « Marcello », meurt en juillet 1879 de la tuberculose, à l’âge de 43 ans. Elle laisse une oeuvre audacieuse, marquée par la mise en scène de figures féminines héroïques souvent inspirées de l’Antiquité et de la cour.

Liens utiles et bibliographie

Page Wikipédia d’Adèle d’Affry « Marcello »
Marcello, la femme qui faisait plier le marbre
Biographie de Marcello
Marcello Sculpteur : Henriette Bessis, Musee d’Art et d’Histoire de Fribourg (1980)
Marcello, sculpteur, une intellectuelle dans l’ombre : Correspondance avec le père Gratry, Christiane Dotal, Fondation Custodia (2008)

4 commentaires sur “Marcello, peintre et sculptrice

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  1. Il y a des erreurs dans le texte -juste pour dire, pas pour critiquer-: « Leur père meurt en 1941 et les fillettes sont élevées par leur père »: j’imagine que la mère est morte, ou le contraire. En tous cas, ce ne peut pas être le père qui est mort et qui les élève. Par ailleurs, la date ne correspond pas, puisqu’elle a vécu au 19ème siècle, son père ou sa mère n’a pas pu mourir en plein milieu du siècle suivant.

    1. Pas de soucis au contraire, merci beaucoup de me l’avoir signalé ! Je corrige tout de suite. J’ai la mauvaise habitude d’écrire trop vite et d’avoir les doigts qui fourchent, heureusement que les lecteurs et lectrices veillent ! 🙂

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