Mary McLeod Bethune, éducatrice et militante des droits civiques

Enseignante américaine, Mary Jane McLeod Bethune (1875 – 1955) s’engage pour les droits des Afro-Américain-es, en particulier le droit à l’éducation, à travers la fondation d’une école, d’un hôpital, et l’engagement politique. Elle sera notamment conseillère de Franklin Roosevelt.

Fille d’anciens esclaves

Mary Jane McLeod nait le 10 juillet 1875 à Mayesville en Caroline du Sud, aux États-Unis, dix ans après l’abolition de l’esclavage et au tout début de la longue période de ségrégation raciale au sein du pays. Elle est la quinzième des dix-sept enfants de Patsy et Sam McLeod. Ses parents sont tous deux d’anciens esclaves, et beaucoup de ses grand-es frères et sœurs sont né-es en état de servitude.

Portrait de Mary McLeod Bethune

À l’issue de la guerre de sécession et après l’abolition de l’esclavage, la ségrégation raciale se met progressivement en place, en particulier dans les États du sud, qui restreignent les droits des Afro-Américain-es et notamment les professions qui leur sont accessibles. À l’esclavage succède fréquemment le métayage, dans des conditions rudes et souvent proches de celles de l’esclavage. En outre, la violence envers les Noir-es flambe ; en 1887, Mary assistera ainsi à un lynchage.

À force de travail et de sacrifices, les parents de Mary parviennent à acheter une ferme. Dès la petite enfance, la fillette accompagne sa mère qui s’occupe du linge de familles blanches, et travaille dans les champs de coton avec sa famille. Un jour, chez une des familles pour qui Patsy travaille, Mary trouve un livre. Un enfant blanc le lui arrache, en pointant le fait qu’elle ne sait pas lire. La fillette décide alors d’apprendre.

La soif d’apprendre…

La soif d’éducation de Mary est soutenue par sa famille. Elle est la seule enfant de sa fratrie à fréquenter l’école pour enfants noirs de Mayesville, mais chaque jour elle transmet à sa famille ce qu’elle a appris. Son institutrice, Emma Jane Wilson, prend la fillette sous son aile. Elle l’aide à obtenir une bourse pour le séminaire féminin Scotia à Concord en Caroline du Nord, dédié à former les jeunes filles comme travailleuses sociales ou enseignantes et que Mary fréquente de 1888 à 1893.

La jeune fille s’inscrit ensuite à l’institut Dwight L. Moody à Chicago, avec l’objectif de devenir missionnaire en Afrique, mais on l’en décourage en arguant qu’il n’y a « pas besoin » de missionnaires noir-es. Convaincue de l’importance de l’éducation pour améliorer les conditions de vie des Afro-américain-es, Mary décide alors d’enseigner.

… et de transmettre

Mary McLeod est convaincue, en particulier, de l’importance d’enseigner aux jeunes filles et aux femmes pour améliorer les conditions de vie des familles entières. Elle enseigne un temps à l’institut Kindell, en Caroline du Sud, et rencontre Albertus Bethune qu’elle épouse en 1898. Les deux auront un fils, Albert McLeod Bethune, mais Albertus quittera la famille en 1907. Le couple déménage en Floride en 1899.

À Daytona Beach, en Floride, Mary McLeod Bethune décide de créer une école pour filles, en louant une petite maison et en faisant appel à des dons et à sa propre créativité – elle récupère des caisses pour créer des bancs et des chaises et fait de l’encre à partir de baies – pour assembler le matériel nécessaire. Les différents frais sont couverts par la vente de gâteaux et de poissons grillés, et des collectes de fonds à l’église. L’école ouvre ses portes en 1904, avec six élèves de six à douze ans : cinq fillettes et Albert, le fils de Mary. En un an, le nombre d’élèves accueilli-es monte à trente. Les enfants y apprennent des compétences pratiques, tels que la couture, l’économie d’un foyer, la cuisine, mais également les mathématiques, l’anglais et des langues étrangères, et y étudient la Bible.

Comme son projet prend de l’ampleur, Mary cherche également un soutien financier auprès de riches mécènes blanc-hes. Elle profite de ses voyages pour lever des fonds et, progressivement, intègre des cercles de personnalités influentes. Elle gagne ainsi l’amitié d’Eleanor Roosevelt et de Franklin D. Roosevelt, et reçoit un don conséquent de John D. Rockefeller. En 1931, l’école de Mary fusionne avec une école pour garçons noirs, l’institut Cookman, et devient le Bethune-Cookman College. Mary en prend la présidence, un poste qu’elle occupera jusqu’en 1942.

Militante politique

Mary McLeod Bethune n’en reste pas là. Au début des années 1900, elle constate que Daytona Beach ne comprend pas d’hôpital pour les Noir-es et que l’hôpital de la ville isole en extérieur, néglige voire maltraite les Afro-américain-es. En 1911, elle lève des fonds, fait l’acquisition d’une cabane à proximité de son école et ouvre le premier hôpital noir de la ville. Il comprend d’abord deux lits, puis au bout de quelques années monte à vingt. Pendant ses vingt ans d’existence, l’hôpital traite et sauve de nombreux patient-es, en particulier lors d’une explosion dans un chantier à proximité et lors de l’épidémie de grippe espagnole en 1918. Ce n’est qu’en 1931 que l’hôpital public blanc de Daytona Beach décide d’ouvrir un hôpital séparé pour les patient-es noir-es… et seulement dans les années 1960 qu’il sera déségrégué.

Mary s’investit également rapidement pour des causes politiques, telles que les droits et notamment le suffrage des femmes et des Afro-américain-es. Si le XVe amendement de la Constitution leur garantit en effet en théorie le droit de vote depuis 1870, en pratique de nombreux États, en particulier des États du Sud, trouvent des moyens de leur en barrer l’accès : impossibilité de voter si on a eu un ancêtre esclave, impôt à payer pour pouvoir voter, test d’alphabétisation, etc.

Devenue en 1924 présidente de la National Association of Colored Women (NACWC), Mary aide les Afro-américain-es à s’inscrire sur les listes de vote en levant des fonds pour payer les taxes, en les formant en vue des tests d’alphabétisation et en organisant les déplacements vers les lieux d’inscription. Autant d’actions qui lui valent des menaces du Ku Klux Klan, mais Mary ne renonce pas. Levant des fonds pour les actions de la NACWC, elle finance et installe un siège pour l’association à Washington.

Le cabinet noir

Amie proche d’Eleanor Roosevelt, Mary McLeod Bethune milite pour l’élection de son époux en 1932. Sous la présidence de Franklin Roosevelt, elle fait partie du « cabinet noir », une appellation qui vient d’elle et qui désigne un groupe officieux de conseiller-es afro-américain-es auprès du couple présidentiel. Surnommée « Ma Bethune », elle y est la seule femme, et son amitié avec la première dame lui offre un accès unique à la Maison Blanche.

En 1935, Mary McLeod Bethune fonde à New York le National Council of Negro Women, réunissant des représentants de 28 organisations pour améliorer les conditions de vie des femmes et communautés noires en général.

Mary obtient également un poste au sein de l’agence gouvernementale National Youth Administration (« Agence Nationale pour la Jeunesse »), en service entre 1935 et 1943 et consacrée à l’emploi des jeunes. En 1936, elle est nommée directrice de la division des affaires des minorités, une position alors inédite pour une femme noire. Elle y pilote notamment des programmes de formation pour étudiant-es noir-res, et milite pour la nomination d’officiels afro-américains à des postes de pouvoir.

Mary McLeod Bethune meurt en mai 1955 d’une crise cardiaque. La presse de tout le pays rend hommage à son parcours, à ses accomplissements et à sa personnalité.

Liens utiles

Page wikipedia de Mary McLeod Bethune
Page wikipedia de Mary McLeod Bethune en anglais
Mary McLeod Bethune (1875-1955), historienne africaine-américaine oubliée
Mary McLeod Bethune (anglais)

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