Cinéaste pionnière et anthropologue sénégalaise, Safi Faye (1943 – 2023) évoque à travers ses documentaires son pays et sa culture mais également les difficultés du monde rural et de la condition féminine.

Enseignante à Dakar
Safi Faye nait au sein d’une famille sérère à Dakar en 1943. Le Sénégal fait alors partie de l’Afrique-Occidentale française. Ses parents sont originaires de Fad’jal, un village situé au sud de Dakar.
Safi fait ses études à l’école normale de Rufisque, une grande ville côtière de la région de Dakar. En 1960, elle voit le Sénégal accéder à l’indépendance. En 1962, elle obtient son diplôme d’enseignante puis prend un poste à Dakar.
C’est là que Safi rencontre en 1966, au Festival mondial des arts nègres, le réalisateur et ethnologue français Jean Rouch, qui l’encourage à se mettre au cinéma et lui propose un rôle dans un long métrage. Safi interprète ainsi son homonyme dans le film Petit à Petit (1969). Elle dira plus tard ne pas avoir aimé le film, mais avoir beaucoup appris avec Jean Rouch sur le cinéma et les documentaires.
La voix des paysans
Après cette expérience, Safi Faye s’envole pour Paris. Intéressée par le cinéma comme outil pour donner à voir son pays, sa culture et sa communauté, elle se lance d’abord dans des études d’ethnologie à l’École pratique des hautes études (EHESS). Elle étudie également le cinéma à l’école Louis-Lumière à partir de 1972.
La même année, Safi, qui finance ses études en travaillant comme modèle ou actrice, réalise son premier court-métrage intitulé La Passante. Elle y évoque son expérience de femme noire et étrangère en France en se filmant dans les rues de Paris avec les réactions des hommes alentours.
En 1975, Safi réalise le long métrage Kaddu Beykat, signifiant « la voix des paysans » en wolof et connu en français sous le nom de Lettre paysanne. Elle s’y penche sur les difficultés économiques du monde rural au Sénégal. À sa sortie, il s’agit du premier long-métrage réalisé par une femme d’Afrique subsaharienne à faire l’objet d’une diffusion commerciale.
La condition des femmes
Par la suite, Safi Faye soutient à l’École pratique des hautes études (EPHE) un mémoire sur la religion sérère. Puis elle travaille pour la télévision et réalise plusieurs documentaires évoquant le travail et la condition des femmes, comme Goob Na Nu (La récolte est finie) en 1979 et Les âmes au soleil en 1981.
Son film Selbé et tant d’autres (1982) suit la vie quotidienne d’une femme de 39 ans travaillant pour subvenir aux besoins de ses huit enfants, après le départ de son mari parti chercher du travail ailleurs. Le film remporte plusieurs prix lors de festivals internationaux.
Mossane
Après d’autres documentaires, Safi Faye réalise son seul et unique film de fiction : Mossane. L’œuvre évoque l’histoire de la jeune adolescente Mossane (dont le nom signifie « beauté » en sérère) refusant un mariage arrangé. Le film est présenté dans la section Un certain regard au Festival de Cannes.
En 1998, le Festival international de films de femmes de Créteil consacre une rétrospective à l’œuvre de Safi. Vingt ans plus tard, en 2918, elle est invitée d’honneur du CNC au festival de Cannes.
Malade, Safi Faye meurt à Paris en février 2023 à l’âge de 80 ans. Cette pionnière du cinéma africain laisse une œuvre documentaire dédiée à son pays, sa culture, et particulièrement au monde rural et à la condition des femmes. Elle ouvre la voix aux réalisatrices africaines qui suivent et qui suivront ses traces.
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Super intéressant, merci beaucoup 👍🏼
Bonjour,
Je suis Edith VALLEE, autrice du Matrimoine de Paris, à l’initiative des parcours du matrimoine lors des journées du Patrimoine et du Matrimoine lancés par HF-ÎdF. Je me félicite de pourvoir vous remercier de votre travail si fiable et utile.
J’en profite pour vous communiquer une pétition qui va bientôt être remise à la Ville de Paris car le nom de Sarah Bernhardt va être définitivement effacé, à moins que Son théâtre ne retrouve Son nom.
https://chng.it/KJHg6n7h
Nous serions bien heureuses que vous souteniez cette action.
Avec mes remerciements,
Edith VALLEE
Je vous remercie de votre message et je vais regarder cette pétition. Je me suis simplement permise de supprimer votre numéro de votre commentaire, car attention il est public… Bonne continuation à vous.
Je partage merci 🙂
. Géorgia, un blog qui me tient à coeur,
(Suis toujours avec mon oeil fragile, et mes procédures administratives de déménagements labyrinthiques, mais reste fidèle et rassemble des docs pour notre futur siège, ouf.)
MilBiz, Frédi-fredo