Peintre japonaise, Uemura Shōen (1875 – 1949) travaille de nombreux sujets différents mais se fait connaitre principalement pour ses portraits de femmes. Elle est considérée comme une grande innovatrice dans cet art traditionnel.
Une jeune artiste

Uemura Shōen, de son vrai nom Uemura Tsune, naît à Kyoto au Japon le 23 avril 1875 ; elle est déjà orpheline. Son père, un marchand de thé, est mort deux mois avant sa naissance. Tsune est élevée par sa mère et des tantes, parmi la clientèle cultivée qui fréquente le magasin pour l’art de la cérémonie du thé.
Dès l’enfance, Tsune montre un grand intérêt et de véritables prédispositions pour le dessin, en particulier pour la représentation de figures humaines. Elle est soutenue en ce sens par sa mère qui l’encourage à développer son talent, ce qui est rare pour une jeune fille à l’époque : les femmes sont généralement restreintes à la sphère domestique et familiale. Rapidement, Tsune montre et expose son art, et s’attire les éloges. Elle est intéressée, en particulier, par l’art de l’ukiyo-e (« image du monde flottant »), l’art de l’estampe gravée sur bois.
Des études auprès de maîtres
Uemura Tsune commence des études à l’Université municipale des Arts de Kyoto, auprès du peintre Suzuki Shōnen qui se spécialise dans les paysages ; elle s’y initie à différents styles de peinture. Son professeur est tellement impressionné par ses progrès qu’il l’autorise à reprendre la peinture de sujets humains dans son atelier privé, ce à quoi les étudiants n’ont théoriquement pas le droit avant leurs dernières années. C’est à cette période que Tsune gagne son nom d’artiste, Uemura Shōen.
Shōen quitte l’académie de Kyoto avant l’obtention d’un diplôme, et apprend auprès d’autres professeurs pour diversifier son art et sa technique. Cette éducation est encore plus rare ; si les jeunes femmes sont encouragées à pratiquer le dessin et la peinture dans la sphère privée, très peu l’apprennent auprès de maîtres et encore moins peuvent en faire une carrière. Ces conventions n’arrêtent pas Shōen, bien décidée à développer son art, quitte à lutter contre les préjugés au passage s’il le faut ; ce ne sont pas, d’ailleurs, les seules traditions qu’elle bousculera.
Premiers prix et expositions
À quinze ans, Uemura Shōen gagne un premier prix pour son œuvre Les belles aux quatre saisons ; l’estampe est achetée par le fils de la reine Victoria, de passage au Japon, ce qui vaut à la jeune artiste une renommée immédiate. En 1893, alors qu’elle n’est âgée que de 18 ans, Shōen est sélectionnée pour exposer une œuvre à l’Exposition universelle de Chicago. En 1898, elle remporte un prix à Kyoto et voit une de ses œuvres sélectionnées pour une exposition ; deux ans plus tard, c’est un prix national qu’elle gagne.
Shōen explore différentes thématiques mais elle se spécialise en particulier dans les bijin-ga, les « peintures de belles personnes » et généralement de belles femmes. Elle en dira : « Je n’ai jamais peint une œuvre dans l’espoir qu’elle serait belle tant que la femme représentée était belle. J’espère sincèrement que toutes mes œuvres sont comme des bijoux parfumés, toujours avec un sens de pureté fraîche, sans même un iota de vulgaire ».
Pendant un temps, la réputation de Shōen souffre de rumeurs lui prêtant une relation avec son ancien professeur, Suzuki Shōnen. À 27 ans, elle donne naissance à un garçon, Uemura Shōkō, qui deviendra également peintre par la suite. Refusant de révéler le nom de son père, elle l’élève seule, tout comme sa fille qui naîtra quelques temps plus tard.
Pionnière
Mise à part une période creuse entre 1917 et 1922, Shōen continue à peindre et à exposer. Dans les années 1930, elle produit de grandes œuvres souvent considérées comme ses plus grands chefs-d’œuvres, notamment Jo-no-mai (1936) et Soshi-arai Komachi. Elle puise souvent l’inspiration de ses portraits féminins dans les rôles de femmes du théâtre nô ; des rôles interprétés par des hommes, mais pour lesquels Shōen utilise ensuite des modèles féminins pour les transcrire en peinture.
En 1941, Shōen est la première femme à rejoindre l’Académie japonaise des arts. En 1944, elle est nommée peintre à la cour. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle exprime son nationalisme et son soutien à son pays à travers son art, et voyage en Chine à la demande du gouvernement dans l’optique de prouver que tout y va bien. En 1948, Uemura Shōen est la première femme à être décorée de l’ordre du mérite culturel japonais.
Uemura Shōen meurt d’un cancer en août 1949, à l’âge de 74 ans.
Femme attendant le lever de la lune Flamme Jo-no-mai Belles aux quatre saisons Yang-gui-fei
Liens utiles
Page Wikipédia d’Uemura Shōen (anglais)
La vie d’Uemura Shōen, inépuisable source d’inspiration
Uemura Shôen, peintresse du raffinement
Uemura Shōen – 25 œuvres d’art