Lucie Cousturier, peintre engagée

Artiste, écrivaine et intellectuelle française, Lucie Cousturier (1876 – 1925) s’inscrit dans le courant du néo-impressionnisme et du pointillisme, avec ses paysages et œuvres de plein air lumineuses. Femme engagée, elle publie plusieurs œuvres contre le colonialisme.

Une jeune pointilliste

Autoportrait de Lucie Cousturier dans le style pointilliste. Elle porte les cheveux courts et une veste en points rouges, bleus, verts.
Lucie Cousturier – Autoportrait – entre 1905 et 1910

Lucie Cousturier naît sous le nom de Jeanne Lucie Brû le 19 décembre 1876, au sein d’une famille riche. Ses parents fabriquent et commercialisent les premières poupées en caoutchouc au sein de la manufacture Les Poupées Brû.

La jeune fille s’intéresse à la peinture dès l’adolescence. Elle étudie auprès des peintres néo-impressionnistes et pointillistes Paul Signac et Henri-Edmond Cross ; elle se lie également d’amitié avec l’artiste Georges Seurat. Signac et Seurat en particulier s’attachent à une approche divisionniste de la peinture, séparant les tons des tableaux en de nombreuses petites taches de couleurs resserrées de manière à ce que l’œil les perçoive comme une unité.

À leurs côtés, Lucie s’initie à la technique du pointillisme et inscrit son art dans ce mouvement artistique. Elle peint dans des tons parfois subtils, parfois éclatants à la manière du fauvisme.

Premières expositions

En 1900, Lucie épouse Edmond Cousturier, critique d’art et peintre, avec qui elle aura un fils l’année suivante. L’année 1901 est également celle de sa première exposition : Lucie présente pour la première fois des œuvres au Salon des artistes indépendants. Son art reçoit l’admiration de ses contemporains ; Signac, en particulier, estime qu’elle est merveilleusement douée. Par la suite, elle expose entre trois et huit toiles chaque année.

Lucie participe également à des expositions collectives à Bruxelles et à Berlin, perfectionnant d’année en année sa maîtrise de la technique et des couleurs et développant une plus grande liberté artistique. En 1907, elle tient sa première exposition personnelle à Paris, chez le galeriste Eugène Druet ; elle y dévoile en particulier des tableaux de paysages réalisés en plein air. Petit à petit, elle s’initie également à l’art de l’aquarelle.

Non contente de peindre, Lucie consacre du temps à l’écriture et compose des articles et des ouvrages sur certains artistes clefs du néo-impressionnisme.

Des inconnus chez moi

Lorsque la Première Guerrière mondiale éclate, Lucie Cousturier part s’installer à Fréjus, dans le sud de la France. Elle y peint en extérieur des portraits, des natures mortes, ou encore des paysages rayonnant de la lumière du sud.

Surtout, elle y rencontre des tirailleurs sénégalais, dont les campements sont installés à proximité de chez elle et qui y passent quelques temps avant de rejoindre le front. Estimant que l’apprentissage du français dans les camps militaires n’est pas à la hauteur, elle organise des cours de langue et d’alphabétisation chez elle, et se lie d’amitié avec plusieurs de ses élèves. Elle en tirera le livre Des inconnus chez moi, publié en 1920.

Anti-colonialiste

Après la fin de la guerre, Lucie Cousturier décide de se rendre en Afrique-Occidentale française – réunissant huit colonies françaises en Afrique -, notamment pour rendre visite à certains de ses anciens élèves. Elle est également missionnée par l’État français pour étudier les populations locales et en particulier l’influence de la mère sur l’éducation des enfants. Lucie passe sept mois à voyager en Afrique de l’Ouest, à vivre auprès des autochtones et à nouer des amitiés ; elle en revient avec des carnets des croquis, un journal, et de fermes convictions anti-colonialistes.

À son retour, Lucie livre plusieurs ouvrages interrogeant les relations entre l’Afrique et l’Europe et critiquant le colonialisme : La forêt du Haut-Niger (1923), Mes inconnus chez eux, mon amie Fatou, citadine (1925), Mon ami Soumaré (1925). Elle commence également à collaborer au journal Le Paria, « organe des peuples opprimés des colonies » ; elle est l’une des premièr·es intellectuel·les français·es à écrire sur le sujet.

Lucie Cousturier meurt à Paris en juin 1925, à l’âge de 48 ans.

Liens utiles

Lucie Cousturier – Giverny News
Lucie Cousturier – AWARE
Lucie Cousturier (1876 – 1925)
Page Wikipédia de Lucie Cousturier (anglais)

5 commentaires sur “Lucie Cousturier, peintre engagée

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  1. Le tableau « Femme faisant du crochet » ou » Mlle B » représente Germaine Bosq, une de ses nièces résidant à Diénay (Côte d’Or); il est conservé au Musée d’ Orsay.

  2. Le père de Lucie, Casimir Bru, achète en 1900 à la famille Seurat, l’emblématique tableau ‘un dimanche à l’île de la Grande Jatte’ et l’offre en cadeau à sa fille pour son mariage. Lucie le conservera jusqu’en 1924 et le vendra au collectionneur américain F BARTLETT pour 20 000 $ qui heureux de cette bonne affaire le cède au musée de Chicago ou il est exposé aujourd’hui. Lucie et son mari Edmond avaient sans doute besoin d’argent pour financer sa maladie. Un collectif français proposera en vein 400 000 $ en 1926 pour le racheter. Des tableaux de Lucie sont exposés actuellement à l’occasion de l’expo Felix Feneon du musée J Chirac , Lucie et F Feneon etaient tres amis et avaient en commun l’amour de l’Afrique .

  3. Merci pour votre formidable travail pour mettre en lumière toutes ces femmes invisibilisées par les hommes et dans tous les domaines. Bravo !

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