Naturaliste et dessinatrice, Maria Sibylla Merian (1647 – 1717) a livré, à travers ses observations et reproductions très détaillées, un travail scientifique considérable, notamment sur la métamorphose des papillons.
Apprentie peintre
Fille de Johanna Sybilla Heim et de Matthäus Merian, Anna Maria Sibylla Merian (née le 2 avril 1647 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne) ne connait son père que pendant ses trois premières années ; Matthäus meurt en effet des suites d’une longue maladie en 1650. Johanna se remarie rapidement avec Jacob Marell, graveur et peintre spécialisé dans la peinture de fleurs.
Jacob prend des élèves en apprentissage et, lorsqu’elle a treize ans, Maria rejoint sa classe. Talentueuse, elle s’emploie très vite à réaliser des peintures d’après des observations de la nature, d’abord de vers à soie puis de papillons et de plantes.
La métamorphose des papillons
A 18 ans, Maria Sibylla Merian épouse Johann Andreas Graff, élève de son beau-père spécialisé dans la peinture d’architecture, avec qui elle s’installe à Nuremberg. Leur fille, Johanna Helena, nait deux ans plus tard.
Maria se lance plus attentivement dans l’étude du cycle de vie et de la métamorphose des papillons ; elle décrit et représente les chenilles, les chrysalides, les spécimens adultes. En parallèle, elle s’intéresse aux plantes dont ils se nourrissent et aux parasites des cocons, et réalise de nombreuses esquisses détaillées.
En 1675, Maria fait paraître son premier ouvrage, intitulé Nouveau livre de fleurs (Neues Blumenbuch). Consacré à la botanique, le livre s’attache à la description de plantes et de fleurs auxquelles elle s’est intéressée en étudiant le cycle de vie des papillons. Après la naissance de sa deuxième fille, Dorotha Maria, elle publie l’ouvrage La chenille, merveilleuse transformation et étrange nourriture florale (Der Raupen wunderbare Verwandlung und sonderbare Blumennahrung).
Indépendance
En 1685, Maria Sibylla Merian quitte son mari et emmène ses deux filles vivre avec elle dans une communauté protestante du château de Waltha, dans la Frise occidentale. Elle y passera quelques années, tout en continuant son travail sur les chenilles. En 1690, elle demande le divorce. A partir de l’année suivante, elle se déclare veuve bien que son mari soit toujours en vie.
En 1692, la communauté de Waltha est dissoute et Maria part vivre avec ses filles à Amsterdam. Là, elle se lance dans la transmission de savoirs et enseigne en particulier à Rachel Ruysch, qui deviendra peintre à son tour. Elle gagne sa vie en réalisant des illustrations et se lance dans la collection de spécimens naturels, notamment insectes et coquillages. Ces collections sont alors très à la mode aux Pays-Bas, et Maria fréquente d’autres collectionneurs.
Excursion au Suriname
A travers ses collections, Maria Sibylla Merian découvre et s’intéresse aux papillons du Suriname. En juillet 1699, elle décide d’y partir en voyage avec sa fille Dorothea pour étudier la faune et la flore tropicale. Bien que ses relations essaient de l’en dissuader, Maria obtient une bourse d’étude et vend ses collections pour financer son voyage.
Après deux mois de voyage, Maria et sa fille parviennent au Surimane et effectuent plusieurs excursions dans le pays, accompagnées par des esclaves amérindiens qui les assistent dans leur travail. Maria réalise de nombreux dessins de la flore locale et s’intéresse particulièrement à la métamorphose des insectes rencontrés.
Metamorphosis insectorum Surinamensium
Au cours de son voyage, Maria Sibylla Merian contracte le paludisme et tombe gravement malade. Contrainte à rentrer aux Pays-Bas, elle emporte une vaste collection d’insectes collectés sur place. Il lui faudra trois ans de travail, autour de ses dessins et croquis, pour réaliser son important ouvrage sur la faune et la flore du Suriname : Métamorphoses des insectes du Suriname (Metamorphosis insectorum Surinamensium).
Maria ne regarde pas à la dépense pour assurer à son ouvrage la plus belle qualité possible. A ce sujet, elle explique :
« J’ai fait graver les plaques par un célèbre maître, et en même temps j’apportais le meilleur papier, pour apporter de la joie et du plaisir non seulement aux amateurs d’art mais aussi aux amateurs d’insectes. »
Etant donné le travail et les dépenses engagées, Maria ne touche pas d’argent sur cet ouvrage. Elle gagne sa vie à travers la vente de peintures et les leçons qu’elle continue à assurer.
Une grande naturaliste et artiste
En 1715, Maria Sibylla Merian est victime d’une attaque d’apoplexie qui la cloue dans un fauteuil. Elle meurt deux ans plus tard, en janvier 1717, à l’âge de 70 ans. Déjà considérée comme une grande naturaliste et artiste à son époque, Maria est de plus en plus reconnue pour son travail considérable, artistique et scientifique. Des billets, des timbres sont réalisés à son effigie, de nombreuses écoles portent son nom et des espèces ont été baptisées en son honneur.
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Maria Sibylla Merian, femme et illustratrice
Petite participation à votre article : plasticienne j’ai réalisé une nouvelle série sur le thème des abeilles qui reprennent l’esthétique des planches anciennes de Maria Sibylla Merian, que j’admire. Cette série aux crayons de couleur évoquant toutefois une nouvelle réalité : la mortalité des abeilles par la pollution des substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html
Mais aussi dans le même esprit, les dessins du confinement sur le monde aquatique : https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html
Bonjour, merci pour cet article passionnant. J’aurais voulu le partager et l’épingler sur mon site Pinterest.
Bonjour, merci pour votre retour ! Et n’hésitez pas bien sûr à partager et épingler 🙂