Enheduanna, la plus ancienne écrivaine connue

Enheduanna (ou encore Enheduana, En-hedu-ana ou EnHeduAnna, 23ème siècle avant JC), prêtresse et poétesse akkadienne, est la plus ancienne écrivaine dont le nom et une partie des écrits nous sont parvenus.

Princesse et prêtresse

Le "Disque d'Enheduanna" au Penn Museum à Philadelphia.
Le « Disque d’Enheduanna » au Penn Museum à Philadelphia.

Fille de Sargon d’Akkad, roi fondateur de l’empire d’Akkad ou empire d’Agadê en Mésopotamie, la princesse Enheduanna nait au 23ème siècle avant JC ; le règne de son père est généralement situé vers 2334-2279 avant JC, ou légèrement plus tard. Originaire de la ville d’Akkad, Enheduanna serait plus vraisemblablement la fille d’une concubine de Sargon, une prêtresse sumérienne du dieu de la Lune Nanna ou Sîn, que de la reine Tašlutum.

Sargon témoigne à sa fille une grande confiance. Pour mieux contrôler les populations sumériennes du sud, il l’envoie dans la cité d’Ur, une des plus importantes villes mésopotamiennes, pour en faire la grande prêtresse de Nanna, de la déesse féminine de la lune Ningal et de la déesse de l’amour et de la guerre Inanna. Enheduanna est la première à porter ce titre de haute prêtresse, que d’autres princesses porteront à leur tour par la suite. Son nom, adopté avec son nouveau rôle de grande prêtresse, signifie peut-être « Noble ornement du dieu ».

Ur, la ville rebelle

A la mort de son père, vraisemblablement en 2279 avant JC, des révoltes éclatent et son demi-frère Rimush, fils de Sargon, lutte pour conserver le pouvoir. Enheduanna continue à exercer sa charge, bien que la ville d’Ur se soit révoltée contre l’héritier de Sargon au point de nommer un nouveau roi. La prêtresse aurait alors tenu son temple contre un rebelle du nom de Lugal-Ane. Pendant quelques temps, elle est exilée. Elle décrit cette situation dans une prière à la déesse Inanna, qu’elle supplie d’intercéder auprès du père de tous les dieux An et de lui parler de Lugal-Ane et du sort qui lui est réservé. Enheduanna finit par être restaurée à son poste et Rimush reconquiert les cités rebelles.

La plus ancien·ne écrivain·e connu·e.

Poétesse en plus de prêtresse et princesse, Enheduanna est connue pour avoir laissé des hymnes religieux dont il nous reste des traces aujourd’hui. Principalement dédiés à Inanna, ces poèmes ont été retrouvés sur plus d’une centaine de tablettes cunéiformes. Elle a ainsi écrit La victoire d’Inanna sur l’Ebih, La déesse vaillante, L’exaltation d’Inanna mais également une suite de 42 poèmes connus sous le nom d’Hymnes de temple sumériens. Bien que marqués par la dévotion et la prière, ces poèmes sont de style plus personnel et reflètent les réflexions personnelles, espoirs, désespoirs, de leur autrice. Ces hymnes et poèmes, dont une partie sont probablement apocryphes, seront copiés et recopiés pendant près de 2 000 ans, comme le révèlent les tablettes retrouvées. D’autres hymnes au dieu Nanna pourraient également lui être attribués. Ces textes font d’elle le·a plus ancien·ne écrivain·e connu·e.

Enheduanna occupe sa charge pendant une quarantaine d’années. Il est possible qu’elle ait été divinisée après sa mort.

Liens utiles

Enheduanna – ancient history encyclopedia (anglais)
Page Wikipédia d’Enheduanna
Page Wikipédia d’Enheduanna en anglais (plus complète)
Traduction en anglais de La victoire d’Inanna sur l’Ebih
Traduction en anglais de La déesse vaillante
Traduction en anglais de L’exaltation d’Inanna
Traduction en anglais des Hymnes de temple sumériens

Références (merci à Vanessa Bigot Juloux  🙂 )

1. Betty Shong Meador. 2009. The Sumerian Temple Hymns of Enheduanna, Princess, Priestess, Poet. Texas: University of Texas Press.
2. McHale-Moore, Rhonda. 2000. “The Mystery of Enheduanna’s Disk.” Journal of Ancient Near Eastern Studies 27: 69–74.
3. Westenholz, Joan Goodnick. 1989. “Enḫeduanna, en-Priestess, Hen of Nanna, Spouse of Nanna.” In in Dumu-E-Dub-Ba-A: Studies in Honor of Ake W. Sjoberg.

4 commentaires sur “Enheduanna, la plus ancienne écrivaine connue

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  1. Y a -t-il une version française des textes d’Enheduanna? Et même des images des tablettes originales?
    Nous sommes plusieurs à préparer une oeuvre concernant les femmes et en tant que sculptrice, la forme des tablettes m’intéressent beaucoup.

    1. Ah génial, je ne connaissais pas The Ascent of Woman, mais je vais aller voir ça, merci !
      Et je me demandais justement si on pouvait retrouver l’influence d’Enheduanna quelque part dans le Fil… 🙂

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