Virologue et biologiste moléculaire sino-américaine, Flossie Wong-Staal (1946 – 2020) est la première scientifique à cloner le VIH et à déterminer la fonction de ses gènes, jouant un rôle majeur dans l’établissement du lien entre VIH et sida.
Flossie
Troisième enfant d’une fratrie de quatre, Yee Ching Wong – de son nom de naissance – naît le 27 août 1946 à Canton ou Guangzhou au sud de la Chine. En 1952, suite à l’arrivée au pouvoir du parti communiste en Chine en 1949, sa famille fait partie des nombreux citoyens chinois à quitter la Chine pour Hong Kong. La fillette est alors âgée de sept ans.
À Hong Kong, elle fréquente la Maryknoll Convent School, l’école catholique des sœurs de Saint-Dominique de Maryknoll. Elle s’y révèle rapidement douée pour les sciences et, bien qu’aucune femme de sa famille n’ait fait d’études ou ne travaille à l’extérieur de la maison, ses parents soutiennent ses études. Elève brillante, elle reçoit également les encouragements de ses professeurs, qui l’incitent à partir étudier aux États-Unis, ce qu’elle fait à dix-huit ans en rejoignant l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Ses professeurs suggérant également qu’elle prenne un nom anglophone, la jeune étudiante prend alors le nom de « Flossie », du nom d’un typhon ayant récemment frappé l’Asie du Sud-Est.
Début de carrière
À l’UCLA, Flossie obtient en trois ans un bachelor en bactériologie, avec mention cum laude, puis poursuit avec un doctorat en biologie moléculaire qu’elle décroche en 1972. Au cours de son doctorat, elle épouse un autre étudiant, Stephen P. Staal, avec qui elle aura deux filles. Elle poursuit ensuite avec un post-doctorat, toujours au sein de l’Université de Californie.
Flossie Wong-Staal s’installe à Bethesda dans le Maryland, pour travailler avec Robert Gallo à l’Institut national du cancer (NCI). Elle y entreprend des recherches notamment sur les oncogènes, une catégorie de gènes favorisant l’apparition de cancers. D’après la chercheuse, la recherche en biologie moléculaire est alors particulièrement intéressante du fait du développement de nouvelles techniques comme le clonage.
Étude du VIH
En 1982, Flossie Wong-Staal prend la tête du département génétique moléculaire des cellules hématopoïétiques, et s’intéresse de près aux rétrovirus, un certain type de virus dont fait partie le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Son équipe commence à travailler en particulier sur le VIH, responsable du sida dont l’épidémie connait ses premières heures, et est en passe de devenir une pandémie particulièrement meurtrière. Flossie s’emploie notamment à décrypter le rôle de chaque gène du virus afin de mieux comprendre son fonctionnement.
La découverte du VIH sera, dans les années suivantes et pendant longtemps, disputée entre l’équipe de Robert Gallo et une équipe de l’Institut Pasteur à Paris ; après des années de controverse, il est généralement admis que l’équipe française a identifié le virus en premier – avec un article publié en 1983 -, et que l’équipe américaine, comprenant Flossie, a prouvé le lien entre le VIH et le sida.
En 1985, l’équipe de Flossie est la première à réussir à cloner le VIH. La biologiste poursuit sa cartographie génétique du virus, un travail qui permet par la suite le développement de tests sanguins pour le VIH.
Fin de carrière
En 1990, Flossie Wong-Staal part travailler à l’Université de Californie, San Diego (UCSD), où elle poursuit son travail sur le VIH et le sida, concentrant sa recherche sur la thérapie génique et les cellules souches. En 1994, elle devient directrice du nouveau centre de recherche sur le SIDA de l’UCSD. En 2002, la scientifique quitte l’Université et, devenue professeure émérite, cofonde l’entreprise biopharmaceutique Immusol. Au sein de l’entreprise, Flossie utilise son expérience de recherche sur le VIH pour se concentrer sur la lutte contre l’hépatite C.
Le travail de Flossie est reconnu et honoré à de nombreuses reprises. En 2002, le magazine de sciences américain Discover la nomme l’une des 50 femmes scientifique les plus marquantes. En 2007, The Daily Telegraph l’inclut dans la liste des 100 plus grands génies vivants. En 2019, elle est inscrite au National Women’s Hall of Fame.
Flossie Wong-Staal meurt d’une pneumonie en juillet 2020, à 73 ans.
Liens utiles
Page Wikipedia de Flossie Wong-Staal
Page Wikipedia de Flossie Wong-Staal en anglais (plus complète)
Flossie Wong-Staal (1946–2020) – Science (anglais)
In Memoriam: Flossie Wong-Staal, Ph.D. (NIH – anglais)
Flossie Wong-Staal (The Launcet – anglais)

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