Écrivaine féministe mexicaine, Hermila Galindo Acosta (1886 – 1954) s’engage sur de nombreux sujets tels que le droit de vote, le divorce ou l’éducation sexuelle.
Jeune orpheline

Fille de Hermila Acosta et Rosario Galindo, Hermila Galindo naît – hors mariage – le 2 juin 1886 à Lerdo, une ville du centre-nord du Mexique. Orpheline de mère à trois jours à peine, Hermila est reconnue par son père, qui a d’autres enfants, et élevée par sa tante, Ángela Galindo.
Hermila naît et grandit dans un Mexique marqué par des décennies de lutte pour l’indépendance – obtenue en 1821 -, de conflits, d’interventions extérieures. Présidé d’une main de fer par Porfirio Díaz, le pays est la proie de fortes inégalités et d’une grande pauvreté.
Première désobéissance civile
À l’école de Lerdo puis à Torreón, Hermila apprend la comptabilité, la sténographie, la dactylographie et l’anglais. Son père souhaite l’envoyer poursuivre ses études aux États-Unis mais sa mort, lorsque Hermila n’est âgée que de seize ans, met un terme brutal à ce rêve. Privée d’héritage par les enfants de son père, la jeune fille doit alors commencer à travailler pour subvenir à ses besoins.
Hermila Galindo donne des cours privés de sténographie et de dactylographie. Ses premiers engagements politiques connus remontent à 1909 à Torreón, lors de commémorations dédiées à l’ancien président du Mexique Benito Juárez. Ce jour-là, l’avocat Francisco Martínez Ortiz prononce un discours faisant l’éloge du gouvernement de Juárez et attaquant ouvertement le régime autoritaire de Porfirio Díaz. Le discours est censuré par le maire de la ville, mais, dans un acte de désobéissance civile, Hermila le prend en note et en garde un exemplaire qui sera distribué par la suite.
La révolution mexicaine
En 1910, à l’appel de Francisco Madero, une partie du Mexique se soulève contre Porfirio Díaz qui, après une trentaine d’années de règne, vient de remporter de nouvelles élections truquées. C’est la fin du Porfiriat, et le début de la révolution mexicaine qui dure jusqu’en 1920.
Hermila Galindo, elle, s’installe à Mexico en 1911 où elle travaille d’abord comme secrétaire du général révolutionnaire Eduardo Hay. Elle rejoint des clubs révolutionnaires, dont le club Abraham González où elle participe à des groupes de discussion sur la vie politique et sociale.
En 1914, Hermila est choisie pour accueillir par un discours le révolutionnaire et futur président du Mexique Venustiano Carranza à Mexico. Impressionné par ce discours, ce dernier fait d’elle sa secrétaire particulière, et sa représentante en Colombie et à Cuba pour présenter sa politique.
Militante féministe
Parallèlement à son engagement auprès de Carranza, Hermila Galindo s’investit pour les droits des femmes mexicaines, notamment le droit de vote et les droits des femmes mariées. Elle est ainsi convaincue qu’une révolution féministe doit faire partie intégrante de la révolution mexicaine.
En 1915, avec Artemisa Sáenz Royo et d’autres féministes, Hermila fonde le magazine La Mujer Moderna (La Femme moderne). Pendant quatre ans, ses autrices et auteurs promeuvent l’égalité des femmes et des hommes, de même que l’éducation laïque et l’éducation sexuelle.
Hermila et La Mujer Moderna critiquent également l’Église catholique et son sexisme. En 1916, un premier congrès féministe mexicain se tient dans le Yucatán. Elle n’y assiste pas mais fait parvenir un texte qui, par son affirmation de l’égalité femmes – hommes et ses critiques ouvertes de l’Église et de la religion, fait l’effet d’une bombe.
Le droit de vote des femmes
En 1917, Hermila Galindo veut soumettre à l’Assemblée constitutionnelle une proposition sur l’égalité femmes – hommes comprenant notamment le droit de vote. Son texte explique : » (…) para que la mujer mexicana, que no se ha excluido en la parte activa revolucionaria, no se le excluya en la parte política y que, por lo tanto, alcance de la nueva situación, derechos siquiera incipientes » (pour que la femme mexicaine, qui ne s’est pas exclue de la partie active de la révolution, ne soit pas exclue de la partie politique et que, par conséquent, elle atteigne la nouvelle situation, et les droits naissants).
L’article sera cependant retiré de l’ordre du jour, avec la réponse suivante : « El hecho de que algunas mujeres excepcionalmente tengan las condiciones necesarias para ejercer satisfactoriamente los derechos políticos no funda la conclusión de que éstos deben concederse a las mujeres como clase » (Le fait que certaines femmes disposent exceptionnellement des conditions nécessaires pour exercer de manière satisfaisante les droits politiques ne permet pas de conclure qu’ils doivent être accordés aux femmes en tant que classe).
Carranza ne mettra pas en œuvre de politique en faveur des femmes, à la grande déception d’Hermila.
Candidate
En mars 1917, Hermila Galindo se porte candidate pour le poste de député de la 5e circonscription de Mexico ; elle est la première femme à se présenter, confessant elle-même qu’elle ne pense pas être élue mais cherche surtout à attirer l’attention sur le droit de vote des femmes.
Les résultats de cette élection ne sont pas connus avec certitude. Le collège électoral, affirmant que la loi ne permet pas aux femmes d’être élues, la place 4e, et Hermila accepte la défaite. Le candidat élu, Aguirre Colorado, aurait reconnu la victoire de sa concurrente, niée par le collège électoral.
En 1919, Hermila publie le livre La Doctrina Carranza y el acercamiento indolatino (La doctrine Carranza et le rapprochement indo-latin), un livre dans lequel elle revient sur la politique de Carranza et décrit ses combats pour les droits et le statut des femmes.
Retrait de la vie politique
En 1920, Carranza est assassiné et Hermila Galindo se retire progressivement de la vie publique et politique, participant encore ponctuellement à des congrès ou clubs politiques. En 1923, après avoir épousé Miguel Enríquez Topete, qui s’intéresse peu à la politique, elle abandonne ses divers engagements.
En 1940, Hermila reçoit la médaille du mérite révolutionnaire. En 1953, son souhait se réalise enfin : les femmes mexicaines obtiennent le droit de vote.
Hermila Galindo meurt d’un infarctus du myocarde en août 1854.
Liens utiles
Page wikipedia d’Hermila Galindo
Page wikipedia d’Hermila Galindo en espagnol (plus complète)
Hermila Galindo, pionera feminista y primera candidata a diputada federal
Galindo De Topete, Hermila (1896–1954) (anglais)
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