Oum Kalthoum, « la plus grande chanteuse du monde arabe »

Fatima Ibrahim as-Sayyid al-Beltagi, connue sous le nom d’Oum Kalthoum (1898 – 1975), est une chanteuse, musicienne et actrice égyptienne, souvent considérée comme la plus grande chanteuse du monde arabe. Elle a de nombreux surnoms élogieux, tels que « L’Astre d’Orient » ou « La Quatrième pyramide d’Egypte« .

Jeune chanteuse

Fille de Fāṭima al-Malījī et d’Ibrāhīm as-Sayyid al-Beltājī, imam, Fatima Ibrahim as-Sayyid al-Beltagi naît le 31 décembre 1898 dans le Delta du Nil, en Égypte. Elle est la benjamine d’une famille de trois enfants. Son père chante régulièrement des chants religieux lors de cérémonies ou de mariages, et enseigne le chant à son frère Khalid, de dix ans son aîné. Lorsqu’il se rend compte que la fillette possède une voix puissante et un grand talent pour le chant, il l’invite à se joindre aux leçons.

C’est ainsi par le chant sacré qu’Oum Kalthoum, qui ne porte pas encore ce nom, s’initie à la musique et au chant. Déguisée en garçon, elle chante avec son frère et son père lors de cérémonies religieuses. À seize ans, son talent musical lui vaut d’être repérée par le chanteur Abu al-Ila Muhammad qui la forme, élargit son répertoire et l’incite à s’installer au Caire. Un autre artiste, Zakaria Ahmed, la remarque également et l’invite à se produire à la capitale.

Un succès rapide

Oum Kalthoum se rend d’abord occasionnellement au Caire, alors une capitale en pleine effervescence et sous domination étrangère , pour s’y produire dans de petits théâtres avec des habits de garçons. C’est à partir de 1923 qu’elle s’y installe réellement, se consacrant à sa carrière et évitant la vie publique pour ne pas donner prise aux rumeurs. La même année, la jeune chanteuse signe un contrat avec le label Odéon.

Au Caire, Oum Kalthoum s’entoure d’artistes, comme le joueur de oud virtuose Mohamed El Qasabji et le poète Ahmed Rami qui lui écrit 137 chansons et l’initie à la littérature arabe et française. Avec sa voix puissante et ses prestations scéniques remarquées pour ses capacités d’improvisation et de communion avec son public, la chanteuse rencontre rapidement le succès. En 1926, alors qu’elle est déjà l’artiste égyptienne la mieux rémunérée, elle quitte le label Odéon pour signer un meilleur contrat avec Gramophone Records.

Oum Kalthoum chante essentiellement l’amour et ses émotions, la jalousie, l’éloignement, la séparation, avec un vocabulaire renouvelé. Mais elle interprète également des textes politiques et nationalistes, opposés au colonialisme et aux influences étrangères en Égypte. Musicalement, l’ensemble qui l’accompagne évolue d’instruments traditionnels et populaires orientaux pour intégrer progressivement d’autres instruments – guitare, piano… -, ouvrant la voie à un nouveau genre musical égyptien.

La révolution égyptienne

En 1932, le succès d’Oum Kalthoum est tel qu’elle part en tournée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, notamment à Damas, Bagdad, Beyrouth, Rabat, Tunis ou encore Tripoli. À partir de 1934, elle chante une fois par mois à la radio égyptienne. Sollicitée par le roi Farouk et sa famille pour des concerts privés, elle reçoit en 1944 la plus haute distinction de l’ordre des Vertus.

Pendant les années 1930 et 1940, Oum Kalthoum tourne également dans quelques films : Weddad en 1936, Le chant de l’espoir en 1937 ou encore Aïda en 1942. Elle finit par se détourner de cette carrière, principalement pour des raisons de santé.

En 1948, alors qu’elle prend ses distances avec la famille royale, Oum Kalthoum rencontre le futur président Gamal Abdel Nasser. En 1952, avec Mohammed Naguib, ce dernier renverse le roi Farouk pour mettre fin à la monarchie et à la présence britannique en Égypte. Pour avoir chanté pour la famille royale, Oum Kalthoum est exclue de la guilde des musiciens et bannie des ondes. Quand il l’apprend, Nasser intervient pour la réhabiliter.

Une chanteuse patriote

Par la suite, Oum Kalthoum, devenue une proche de Nasser, soutient le nouveau pouvoir en place. Elle interprète des chansons de soutien au nouveau président, qui cale ses interventions publiques sur le rythme des prestations de la chanteuse à la radio : ses discours sont ainsi souvent diffusés juste après les concerts mensuels d’Oum Kalthoum.

L’une de ses chansons, Wallah Zaman Ya Silahi (« Cela fait longtemps, ô mon arme ») est adoptée comme hymne officiel égyptien en 1960 ; elle sera remplacée par un hymne moins politique en 1979, dans le cadre de négociations de paix avec Israël. En 1967, Oum Kalthoum se lance dans une tournée internationale et donne notamment deux concerts mythiques à l’Olympia à Paris. Sa tournée est dédiée au soutien au gouvernement égyptien, et les fonds récoltés lui sont reversés.

À partir de cette année-là, l’état de santé de la chanteuse se dégrade. Souffrant de néphrite aiguë, elle donne son dernier concert en 1973 avant de partir se faire soigner aux États-Unis quelques temps. Inopérable, elle rentre en Égypte où elle meurt en février 1975. Surnommée « l’Astre de l’Orient », « la Voix de l’Égypte », « la Mère des peuples », « la Quatrième pyramide » ou encore « El Sett » (la Dame), cette chanteuse mythique reste considérée comme la plus grande chanteuse du monde arabe.

Liens utiles

Page wikipedia d’Oum Kalthoum
Oum Kalsoum, la diva au destin politique

Un commentaire sur “Oum Kalthoum, « la plus grande chanteuse du monde arabe »

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  1. Tellement vrai avec une voix et chants exceptionnels, teintée de touches et rebondissements théatraux comme dans sa posture! Je l’écoute savoureusement, très souvent, bien que je sois de la partie subsaharienne de l’Afrique.

    Bien à vous Eve.

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