Illusionniste française à la longue carrière internationale, Bénita Anguinet (1819 – 1887) connaît le succès à Paris dans les années 1850 et ouvre la voie à une meilleure représentation des femmes dans le domaine de la magie et de l’illusion.
Issue du monde du spectacle

Fille d’Antoine Anguinet, Bénita, née en 1819, baigne dans l’univers du spectacle et de la magie depuis sa naissance. Son père, acteur, se lance en effet dans l’illusion après la naissance de sa fille. Il se produit dans les foires en province puis à Paris et dans des pays francophones.
Bénita est biberonnée à l’illusion, au spectacle, à la magie ; Antoine Anguinet emmène sa famille dans ses voyages. Dès ses sept ans, la fillette se produit avec son père et partage l’affiche avec lui pendant dix ans. En 1840, signe déjà de son succès et de sa popularité, Bénita apparaît sur un portrait gravé, entourée d’appareils dont elle se sert pour ses spectacles. À partir de cette date, la jeune artiste de 21 ans devient tête d’affiche et sillonne les routes pour se produire dans des théâtres.
En tournée
Le succès de Bénita Anguinet ne se cantonne pas aux frontières françaises métropolitaines. La jeune illusionniste se produit également en Algérie – alors département français – et à l’étranger, essentiellement en Europe.
De ses spectacles itinérants, une coupure de journal rapporte : « Nous sommes en retard avec Mlle Benitta Anguinet. Trois soirées de ses jeux indiens et magiques ont déjà eu lieu, et nous n’avons encore rien dit à nos lecteurs de tous les prodiges surprenants qu’opère cette habile magicienne. (…) Nous allons tâcher de nous faire pardonner par un récit exact, mais bref, des merveilles de cette charmante fée. »

Le théâtre de magie
En 1856, après de longues années de tournées en France et à l’étranger, Bénita Anguinet obtient sa propre salle de spectacle à Paris, un théâtre de magie installé au sein du Pré-Catelan, un parc d’attraction pour les classes fortunées parisiennes au bois de Boulogne. La salle peut accueillir un peu moins de 200 spectateurs, et la magicienne s’y produit les après-midis et soirées du printemps à l’automne.

Son succès est immédiat. Dès son ouverture, le théâtre de magie attire les foules, qui viennent voir Bénita exécuter ses tours favoris, pour certains inspirés du répertoire de Jean-Eugène Robert-Houdin : un carton à dessin dont elle extrait des objets trop grands pour y être contenus, une bouteille inépuisable, ou encore le tour du chou merveilleux. Dans ce numéro, Bénita fait « disparaître » un gant et un anneau, qu’elle retrouve ensuite dans un œuf, lui-même contenu dans un citron, lui-même dans une orange puis une betterave, le tout au cœur d’un chou.

De retour sur les routes
En 1858, les recettes du Pré-Catelan s’effondrent dans son ensemble et Bénita Anguinet reprend la route et les tournées françaises et européennes. L’ancien théâtre de magie finira rasé au siècle suivant.
Bénita, elle, poursuit les tournées et spectacles et s’installe en péninsule ibérique à partir de 1863. Elle s’y produit jusqu’à sa mort en 1887. Son succès et sa popularité au Pré Catelan ouvrent la voie, dans les années 1850 et 1860 et pour quelques décennies, à une meilleure représentation des femmes dans les spectacles de magie et d’illusion. Ce n’est que plus tard, au XXe siècle, que les femmes se verront reléguées au rôle d’objet des illusions – comme dans le célèbre numéro de la femme coupée en deux – et d’assistantes.
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Bénita Anguinet (1819-1887), la célèbre illusionniste du Pré-Catelan
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