Brunehaut, reine des Francs

Princesse wisigothe puis reine des Francs, Brunehaut (vers 547 – 613) règne pendant 33 ans. Elle est connue en particulier pour ses relations conflictuelles avec la reine de Neustrie de son temps, Frédégonde.

De princesse wisigothe à reine des Francs

Cette miniature montre le mariage de Sigebert Ier et Brunehaut. Couronnés, ils sont entourés de plusieurs personnes et se tiennent debout devant le prêtre qui les unit, se donnant la main.
Mariage de Brunehaut et Sigebert Ier

Née vers 547, au début du Moyen Âge, Brunehaut (ou Brunehilde) est la fille du roi wisigoth d’Hispanie et de Septimanie (province de Narbonne) Athanagilde Ier, roi du peuple germanique des Wisigoths, et de son épouse la reine Goswinthe. Elle est élevée dans la foi arienne, un courant théologique des débuts du christianisme.

Une foi que la princesse devra abjurer pour se marier. En 566, alors qu’elle est âgée d’environ dix-neuf ans, Brunehaut épouse Sigebert Ier, roi de Metz depuis la mort de son père cinq ans plus tôt. À la mort du roi Clotaire Ier en 561, le royaume des Francs est en effet divisé entre ses quatre fils.

Cette image montre le partage des terres du royaume franc en 561.
Le royaume des Francs en 561

L’aîné, Caribert, reçoit le royaume de Paris. Chilpéric reçoit le royaume de Soissons, Gontran l’ancien royaume de Burgondie (qui sera connu sous le nom de royaume de Bourgogne). Enfin, l’époux de Brunehaut, Sigebert, reçoit en héritage le royaume de Reims. Quelques années plus tard, Calibert meurt sans héritier mâle. Ses terres sont à nouveau divisées entre ses frères, redessinant les frontières des royaumes mérovingiens (Austrasie, Neustrie et Bourgogne), et ouvrant la voie à de nouvelles tensions.

Le mariage de Galswinthe

Du mariage de Brunehaut et Sigebert naîtront trois enfants : les princesses Ingonde et Clodoswinthe, et le prince Childebert qui deviendra Childebert II. Cette alliance par le mariage de l’Austrasie et de l’Hispanie wisigothique inquiète le frère de Sigebert, Chilpéric ; l’année suivante, il noue sa propre alliance en épousant la grande sœur de Brunehaut, Galswinthe.

En 567, Athanagilde Ier, le père de Brunehaut et Galswinthe meurt, rebattant les cartes des alliances politiques. Aux yeux de Chilpéric, son union avec Galswinthe perd tout intérêt, au-delà de la dot qu’elle lui a apporté. Pour ne pas perdre cette dot, il ne la répudie pas mais la fait assassiner avant de se remarier quelques jours plus tard avec une concubine, Frédégonde. Un meurtre qui sera le point de départ d’un long conflit entre l’Austrasie et la Neustrie.

La faide royale

Bien décidée à obtenir réparation pour l’assassinat de sa sœur, Brunehaut fait déposer une plainte par son mari. Un tribunal, dont son beau-frère Gontran est le juge, est mis en place et cède à Brunehaut le douaire – les biens de l’époux réservés à l’épouse en cas de décès – de Galswinthe, à savoir des cités d’Aquitaine. Mais Chilpéric refuse de se soumettre, et les tensions nées lors du partage des royaumes s’exacerbent. C’est le point de départ de la faide royal (une vengeance traditionnelle), une guerre entre l’Austrasie et la Neustrie.

En 575, le conflit tourne à l’avantage de Sigebert, au point qu’il est reconnu roi de Neustrie par les troupes de Chilpéric, mais il est assassiné en décembre sur les ordres de ses ennemis. Ce meurtre permet à Chilpéric de retourner une situation militaire qui tournait en sa défaveur, et de prendre Paris. Avertie de la mort de son mari, Brunehaut n’a que le temps de mettre son fils Childebert, héritier de son père, à l’abri avant d’être faite prisonnière.

Alors que Childebert, qui n’a alors que cinq, est emmené à Metz, proclamé roi par ses soutiens et placé sous la protection de Gontran, Brunehaut est envoyée à Rouen. Elle y rencontre Mérovée, fils de Chilpéric et de son premier mariage avec la reine Audovère. Les deux se marient en 576, provoquant le courroux de Chilpéric et de Frédégonde. En représailles, le père de Mérovée fait tonsurer son fils ; Mérovée sera assassiné l’année suivante. À nouveau veuve, Brunehaut, elle, échappe à la garde de Chilpéric.

Dirigeante d’Austrasie et de Bourgogne

Alors qu’elle rejoint son fils à Metz et qu’elle s’efforce de reprendre sa place à ses côtés, Brunehaut se heurte dans un premier temps à l’opposition de plusieurs grands du royaume, qui ne reconnaissent que le pouvoir de Childebert II. En 584, Chilpéric Ier est assassiné par un tueur qui disparaît sans laisser de trace – des chroniqueurs accusent Brunehaut, d’autres Frédégonde -, et laisse derrière lui une veuve et un héritier de quatre mois, Clotaire.

Frédégonde et Brunehaut cherchent toutes deux à se rapprocher de leur beau-frère, Gontran. Frédégonde fait adopter son fils par le roi de Bourgogne pour le protéger, mais elle se défait de son influence et leurs relations se font conflictuelles. Brunehaut et son fils, eux, signent avec Gontran le traité d’Andelot en 587, faisant des deux rois l’héritier de l’autre en cas de décès. Cinq ans plus tard, à la mort de Gontran, Childebert II hérite ainsi du royaume de Bourgogne. Brunehaut, elle, devient la dirigeante de fait de l’Austrasie et de la Bourgogne. Un rôle qui la voit à nouveau affronter la reine de Neustrie Frédégonde, en conflit ouvert avec ses royaumes au nom de son jeune fils.

En 595, Brunehaut conçoit et rédige la décrétion de Childebert, un texte important qui modifie en profondeur les institutions du royaume, notamment la justice, et modifie la loi salique. Elle fait de la faide une affaire de justice royale pour mettre un terme aux vengeances privées, instaure le droit des femmes à ne pas être mariée contre leur gré – comme l’a été sa sœur -, établit un principe d’égalité entre Francs et Gallo-romains, renforce le pouvoir central.

Régente d’Austrasie

En 596, Childebert meurt empoisonné avec son épouse. Ses deux fils, Thibert et Thierry, respectivement âgées de onze et neuf ans, se partagent le royaume, brisant l’alliance de l’Austrasie et de la Bourgogne. Thibert reçoit l’Austrasie et Thierry la Bourgogne, tandis que Brunehaut est faite régente et s’installe auprès de Thibert à Metz.

Tout en repoussant les assauts de la Neustrie, qui profite de la mort de Childebert pour lancer des offensives, Brunehaut s’efforce de consolider son pouvoir. Elle se heurte toujours à l’opposition de certains grands du royaume, qui refusent l’autorité d’une femme. Le duc de Champagne Wintrio, notamment, conspire contre Brunehaut après s’être déclaré en sa faveur. En représailles, la régente le fait assassiner en 598, un meurtre qui lui vaut la colère des grands d’Austrasie. Chassée par Thibert, elle se réfugie en 601 auprès de son autre petit-fils, Thierry II.

Régente de Bourgogne

À la cour du jeune roi de Bourgogne, Brunehaut place comme maire du palais son soutien favori, Protade. Il sera assassiné deux ans plus tard par des grands du royaume. Rapidement, un conflit éclate entre Thierry et Thibert autour du partage des terres et en particulier de l’Alsace, attribuée à Thierry. Au cours du conflit, Thibert est tué, et Thierry devient roi d’Austrasie. Un règne très bref, puisqu’il meurt à Metz l’année suivante, en laissant quatre fils.

Au lieu de partager le royaume entre les quatre enfants, Brunehaut place sur le trône un seul de ses arrière-petits-fils, Sigebert II, qui n’est alors âgé que de douze ans. Mais la régente manque toujours de soutiens au sein de la noblesse d’Austrasie ; une partie d’entre eux se révoltent, jusqu’à prendre le parti du roi de Neustrie Clotaire II, le fils de Frédégonde. Privée de soutiens, Brunehaut s’enfuit mais elle est arrêtée en 613 et livrée à Clotaire. Sigebert II et ses frères sont également arrêtés.

Le roi de Neustrie fait exécuter Sigebert II et son frère Corbus, tandis que leur frère Mérovée est envoyé en exil. Il fait ensuite torturer Brunehaut pendant trois jours par les hommes de son armée, avant de la faire exécuter publiquement de manière particulièrement brutale, en l’attachant à la queue d’un cheval sauvage. Son corps est ensuite brûlé. Elle sera enterrés à l’abbaye Saint-Martin d’Autun qu’elle avait fondée elle-même.

Liens utiles

Page Wikipedia de Brunehaut
Brunehaut, la femme d’Etat
Brunehaut (543 – 613)

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